
Quel est le rôle de l’AMLA (The Authority for Anti-Money Laundering and Countering the Financing of Terrorism) ?
L’Union européenne a franchi une étape décisive dans la lutte contre le blanchiment d’argent avec la création de l’Autorité européenne de lutte contre le blanchiment de capitaux (AMLA). Cette nouvelle entité vise à renforcer la supervision et la coordination des efforts européens pour contrer le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Genèse de l’AMLA
L’idée de l’AMLA a émergé en juillet 2021, lorsque la Commission européenne a proposé la création d’une autorité dédiée à l’harmonisation et au renforcement des mesures de lutte contre le blanchiment au sein de l’Union. Cette initiative faisait suite à plusieurs scandales financiers qui avaient mis en lumière les faiblesses des systèmes nationaux et la nécessité d’une approche unifiée.
Après des négociations intenses entre le Parlement européen et le Conseil, le règlement instituant l’AMLA a été adopté le 31 mai 2024. Le choix du siège de l’autorité a suscité une vive concurrence entre plusieurs villes européennes, dont Paris, Bruxelles et Madrid. Finalement, c’est Francfort-sur-le-Main qui a été sélectionnée pour accueillir le siège de l’AMLA. La décision a été officialisée le 22 février 2024.
Missions et objectifs de l’AMLA
L’AMLA a pour mission principale d’harmoniser les méthodes de contrôle et la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au sein de l’UE. Elle est chargée :
- de superviser les autorités nationales de supervision
- de centraliser et d’analyser les données relatives à la surveillance des entités assujetties
- et de faciliter la coopération entre les cellules de renseignement financier des différents États membres.
L’autorité dispose également du pouvoir de superviser directement certains établissements financiers considérés à haut risque, y compris les fournisseurs de services sur crypto-actifs. Elle peut adopter des normes techniques de réglementation, des lignes directrices et des recommandations pour assurer une application cohérente des règles à travers l’Union.
À la tête de l’AMLA : Bruna Szego
Le 18 décembre 2024, le Parlement européen a approuvé la nomination de Bruna Szego à la présidence de l’AMLA. Diplômée en droit, Mme Szego a rejoint la Banque d’Italie en 1990, où elle a occupé divers postes de responsabilité. Elle a notamment dirigé l’unité de surveillance et de réglementation de la lutte contre le blanchiment de capitaux depuis juin 2022. Sa nomination marque la volonté de l’Union de doter l’AMLA d’une direction compétente et déterminée à relever les défis complexes du blanchiment d’argent.
L’AMLA : quelles perspectives d’avenir ?
Avec un effectif initial de 400 agents et un budget annuel de 40 millions d’euros, l’AMLA est appelée à jouer un rôle central dans la protection de l’intégrité du système financier européen. Son siège à Francfort, aux côtés de la Banque centrale européenne, facilite les synergies et renforce la coopération entre les principales institutions financières de l’Union.
Alors que l’AMLA commence à déployer ses activités, les attentes sont élevées quant à sa capacité à détecter et prévenir les flux financiers illicites, à renforcer la confiance dans le système financier européen et à garantir une application uniforme des règles de lutte contre le blanchiment d’argent à travers tous les États membres.
La mise en place de l’AMLA marque une étape significative dans l’engagement de l’Union européenne à combattre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, en promouvant une approche intégrée et coordonnée face à des menaces de plus en plus sophistiquées et transnationales.